Les Enchantements sont dans les yeux de ceux qui regardent... même dans un fond de tiroir

Il y a quelques semaines, trois grenouilles se sont installées dans le fond de ma piscine. Symbole de transformation, de prospérité et de fertilité (pas juste de bébés mais aussi d'idées), au niveau spirituel, cet amphibien nous rappelle l'importance de la purification pour se débarrasser des toxines dans notre vie. En ce moment, elles sont témoins de mon "sisu" (et de 101 longueurs nagées hier dans une eau de 14 degrés Celsius). Les Enchantements dépassent les frontières des environs: ceux de ma maison, de ton voisinage, de notre planète pour comprendre ceux de la galaxue. Dès que l'occasion se présente, comme j'ai coutume de le faire depuis un an, je participe à une mini-retraite de silence d'une journée au centre Dharma, le temple bouddhiste ou' je pratique une méditation hebdomadaire en groupe. Au début, j'y allais pour tenter de réduire la souffrance. Mais je me suis rendue compte que la souffrance est difficile à éliminer, et que les bienfaits de la méditation se situe dans une capacité accrue d'accepter cette souffrance, de composer avec. La peur de l'annihilation, la seule mort qui soit, cette mort en plein centre de la vie, peut donc être transcendée car en accédant à la pleine conscience, on voit avec plus de clarté. On se rend compte que l'on n'est rien, et paradoxalement, être rien veut aussi dire la possibilité d'être tout. Donc, de se réinventer, de se ré-écrire. Se "déseffacer", "désannihiler".

Ces mini-retraites, en me positionnant dans un univers enchanteur fait d'autant d'âmes en quête d'un mieux-être pour toute l'humanité, s'ajoutent à mon "kilométrage de pleine conscience" et sont tout aussi riches en épiphanies. Une des activités est la méditation en marchant. Prendre conscience de chaque pas fait en sorte que la cadence ralentit, et une démarche plus lente offre le cadeau du temps pour admirer les beautés qui nous entourent. Diane, celle qui nous guidait dans cette retraite, est d'une sagesse si inspirante. Durant une des leçons, elle parla de l'importance de se libérer de notre tendance à s'acharner ("overstriving"). Moi qui adopte de plus en plus une approche de l'assez (enoughness), j'ai connecté ce mot à un concept que j'ai longtemps incarné, le confondant avec ma nature persévérante. L'overstriving ou la sur-poursuite est plus exigeante que la poursuite saine de rêves (striving, yearning). Elle est juste "trop", au-delà du contentement issu de l'assez. Je peux sûrement me dépasser en termes de cryothérapie dans ma piscine, mais je dois quand même demeurer raisonnable pour éviter l'hypothermie. Si je bats mon record de fois en fois ces jours-ci, c'est parce que l'eau froide me revigore et que je me sens bien dans l'eau, surveillée et encouragée par les trois grenouilles sauveteures (un peu comme l'équivalent amphibien de mes trois fils nageurs), et en mesure de continuer. Je refuse de faire preuve d'un perfectionnisme tyrannique envers moi-même et je vais m'arrêter avant que l'exercice me rende tout à fait misérable.

Lors de ma marche en silence, je fus ébahie par un tournesol qui me fit le cadeau extraordinaire de se tenir debout en métaphore de cette surpoursuite, et l'illustrant par le fleurissement à la base, et non au sommet, de la belle plante.



Une autre belle offrande de la végétation de ce centre est celle-ci (et je vous invite à essayer de deviner l'association ou image qui me vint en tête en voyant la fleur blanche !):



Les enchantements du quotidien sont innombrables. Ce matin, un texto de ma soeur que je n'ai pas serrée dans mes bras depuis plus de 4 ans (notre plus longue séparation à vie, entre autres à cause de la pandémie), m'a vraiment fait pouffer de rire et fait réaliser que l'enchantement se trouve aussi dans cet amour qui passe dans l'humour d'une taquinerie. Quand elle visite ma mère, elle fouille dans les tiroirs de la chambre que j'ai occupée durant mon adolescence et au-delà, comme chaque fois que je suis en visite à Shawinigan. Ayant migré aux États-Unis, je n'ai pas pu tout emporter dans cette nouvelle étape de ma vie adulte, aussi me reste-t-il plein de souvenirs dans cette chambre bleue, dont des cartes d'identité, passes de saison pour le ski etc (il faut bien que j'avoue que j'éprouve une immense difficulté à me départir de tout ce à quoi j'attache la moindre valeur sentimentale, et c'est-à-dire, beaucoup d'affaires...). J'ai aussi une petite réserve de chocolats (c'est ma substance addictive depuis toujours) et elle se plaît toujours à m'annoncer quand elle m'en chipe un peu... Je ne peux m'empêcher de me demander, "mais qu'est-ce qu'elle va bien trouver, cette fois ?". Et ce matin, il faut croire que c'était sur ma face d'il y a plus de 20 ans au fond d'un tiroir qu'elle était tombée, ma carte quand j'étais résidente (en privation de sommeil) au CHUM. Son imagination est sans bornes et son côté ludique ne cesse pas de me surprendre.



Beaucoup de gens dans ma famille aiment bien rigoler, se moquer et sauter sur la moindre occasion pour laisser émerger un côté théâtral ou burlesque. Ma fratrie est très douée pour la parodie et pour souligner le ridicule de certaines situations tout en le faisant avec affection. Et ce matin, ma soeur a à nouveau exprimé son côté bouffon qui donne à la vie une fraîcheur et une légèreté tant convoitées. Si elle savait comme son talent pour diffuser ce genre d'enchantements m'aide à démarrer le jour du bon pied ! Et son regard pers trouve la joie de la dérision un peu partout.

Le doux regard posé sur la vie la rend telle, et belle. Puissions-nous nous regarder les uns les autres, nous lire, car ainsi, nous nous réécrivons, nous nous réinventons. Merci pour tous ces fous rires qui sont un prolongement de la beauté de ton coeur, chère Isabelle.

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