Cultiver son bien-être en quatre éléments




Coin de mon bureau à la clinique (pré-inondation)



Une fois les études terminées, sans plus aucun examen à préparer, j'ai pu enfin savourer les quelques 24-48  heures de répit coincées entre vendredi soir et lundi matin. Travailler la semaine est tolérable quand tu sais que vendredi soir s'en vient, avec à sa suite du temps de qualité passé en famille, un film, une bonne lecture, du ski, et le congé de réveil-matin, lunch, traffic etc. 

À l'exception d'une à deux fins de semaine par an. Des mois durant, j'appréhende la page de mon agenda qui indique en stylo rouge "GARDE". Cette responsabilité hospitalière revient à dire que je dois me préparer mentalement à travailler 12 jours d'affilée, ce qui, pour moi qui a besoin de temps de recharge après 4-5 jours, est une pure atrocité. Il y a quelque chose d'angoissant, de peu naturel à passer une journée entière dans un environnement médical drabe, sans fenêtre, avec tous les sons de bip-bip inimaginables, les odeurs... Ce n'est pas là un environnement très guérisseur. Et depuis que j'ai ma maison, j'ai peine à me séparer des occasions d'enchantement... En plus je suis piégée pour quelques heures, monopolisées par les dossiers médicaux électroniques alors que je dois réviser les notes de mes résidents après avoir vu des patients. Disons que ce n'est pas l'idée que je me fais de la réalité d'une écrivaine...

Trop de détails à déterminer d'avance occupent mon espace mental déjà saturé. La tenue (confortable, mais fonctionnelle, avec des poches pour stylos, notes, téléphone, clef, masque etc). Le lunch. Le coin d'ordinateur (car j'ai besoin de m'installer pour bien travailler). L'activité à prévoir au retour de la garde pour me faire oublier les histoires brise-coeur.

Ce genre de torture en est une parce qu'elle éloigne des quatre éléments de la nature: air, feu, eau, terre. Quatre éléments d'ailleurs qui nous constituent, car nous sommes en continuité avec Mère Terre. Nous somme composés d'eau, de minéraux, et le souffle passe en nous pour animer notre flamme ! N'est-ce pas que c'est beau ?

Mais l'infrastructure caractéristique des hôpitaux ou de plusieurs environnements de travail est comme une barrière entre notre besoin de nous ressourcer et ces quatre éléments, ou même une antithèse. Marcher d'un étage à l'autre pour faire des consultations n'est pas assez. Il faut marcher dehors, voir des arbres, de la verdure. C'est pourquoi je coupe le shift en deux en allant prendre mon lunch à la clinique, dans mon bureau, avec mes repères.

Hier, j'avais hâte de n'avoir que ce blog à écrire après une fin de semaine intense, de me retrouver dans mon espace. Il y avait de grosses branches d'arbre jonchant plusieurs rues et qui indiquaient le passage de vents brutaux. Une fois rentrée chez moi, je constatai qu'il y avait une panne de courant. J'avais fait plus d'une demi-heure de route sous la pluie avec des vents qui faisaient danser ma Nissan. Je n'allais pas retourner chez mon compagnon même s'il m'offrait le gîte. 

Je fis donc un inventaire des lieux pour tirer le meilleur parti de la situation. J'ai dû laisser tomber l'idée d'écrire mon blog ou même de lire. Ou de prendre ma tisane.

Élément feu: chandelles. Et feu de foyer. 

Mon feu a bien pris, pour une fois. Avec des coussins ayant appartenu à ma grand-mère et un couverture, je me suis donc installée sur la causeuse défraîchie Ektorp achetée probablement quand j'ai immigré ici enceinte de Youri, donc il y a 17 ans. J'étais donc contente de mon entêtement qui m'a fait garder ce sofa, que l'ex menaça de mettre sur le bord du chemin à quelques reprises. Il a une valeur sentimentale et ce soir, un aspect définitivement pratique qui me remplit de gratitude. J'ai donc profité d'un tête-à-tête méditatif avec le feu qui crépitait avec passion. Je me suis même endormie et réveillée après minuit.






Élément air: le vent fait une musique dans mon carrillon extérieur si parfaite qu'elle m'effrayait un peu au début. Et surtout, prendre de grandes respirations par le nez pour ne pas succomber à l'irritation.

Élément eau: brossage des dents, avec en bonus la gratitude de pouvoir les laver. Le silence enfin au premier plan une fois les bruits de fond d'appareils électriques au repos est comme palpable. Je dors très bien, sans chauffage nécessaire, sans réveil-matin (mon téléphone, que je ne peux charger, tient le coup). Au lever, douche. Il y a de l'eau chaude, même si j'étais prête à me laver à l'arctique. Car j'étais on ne peut plus irritée d'avoir à nouveau une de ces matinées avec routine "à la carte", me disant "ok, je peux manger un déjeuner froid ici", "ensuite je vais au boulot pour avoir internet", et entre-temps "je passe chez Ken pour mon café" etc. Puis "non finalement je n'ai pas le temps pour un détour chez lui", aussi un thé dans la tasse qu'il m'a offerte l'an passé quand nous sommes allés au Musée Charles Schulz à Santa Rosa fera l'affaire.

Élément terre: je prends la route et je marche sur le campus pour aller chercher un breuvage après avoir renversé mon thé au travail, alors que je viens de réaliser tout-à-coup l'utilité d'une corde à linge portable, surtout en voyant des papiers déjà brunis qui n'en sont pas à leur première inondation de breuvage chaud brun... Oui ce sont des papiers, mais pas n'importe lesquels, et je ne peux pas simplement les jeter... Je suis notoire pour inscrire de grandes pensées révolutionnaires sur des bouts de papier, que je traîne avec moi un peu partout, jusqu'à ce que j'aie l'inspiration et le temps d'en faire un roman (au besoin, je vous invite à vous référer au blog qui décrit l'histoire derrière mon surnom "Georges-aux-Cossins")... Mais pour cela, me faudra être "de garde" dans un havre se spécialisant en approches zen, mettant en place un équilibre idéal des quatre éléments (avec un cinquième: wifi !). 








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