Cđź’—urrier du Cđź’–eur







Ce fut un doux dimanche de fĂ©vrier. Le soleil Ă©tait invitant, si bien que je n'ai utilisĂ© l'espace intĂ©rieur de ma maison que pour me ravitailler. J'ai fait de l'art, par moments installĂ©e dehors, entendant le silence seulement rompu par un sublime gazouillement d'oiseaux. Je me sentais comme dans la cuisine du magnifique film The Taste of Things.  

Le 25 février, il y a 15 ans, j'ai vécu un chagrin qui fit en sorte que pendant trois mois, je me demandais comment le reste du monde pouvait continuer à vaquer à ses occupations, alors que mon univers venait de s'écrouler. Je ne pouvais absolument pas concevoir que j'arriverais à rire de nouveau. Ce sont là des réactions communes souvent véhiculées par un syndrome dépressif mais qui n'a rien de pathologique. Bien des gens ont traversé un tel état d'âme en raison d'un deuil.

Il y a 15 ans, je faisais mes débuts en tant que mère. Youri n'avait pas encore deux ans. Je m'efforçais d'être dans le moment avec lui, m'efforçant de sourire quand je le chatouillais ou changeais sa couche. Je venais de perdre sa petite soeur, Clara. Elle avait une malformation cardiaque non viable. Son ventricule gauche ne s'était pas développé. Cette nouvelle m'avait atterrée. Devoir dire adieu à ma fille et à nos rêves ensemble détrôna le divorce de mes parents pour devenir l'épreuve la plus difficile et qui me transforma radicalement pendant de longues années par la suite.

Quinze ans plus tard, revisitant ma trajectoire depuis, je peux affirmer que j'ai vécu encore plus atroce et tragique, à peine parvenue à me trouver en paix avec cette perte. Clara est maintenant en moi. Elle fut de passage dans ma vie pour m'offrir un message que j'ai décortiqué en analysant mes émotions et aussi mes rêves: il me faut être moi-même, en entier. Eh bien, je l'ai écoutée, ma fille. J'ai intégré son deuil et malgré sa brève existence, elle aura laissé un héritage fabuleux, et la Maison des Enchantement en permet l'accès, grâce à la philosophie de vie qui honore le l'épanouissement personnel en incluant le féminin divin chez moi. Je pense à elle à chaque année. Ma mère aussi, je suis sûre qu'elle a une pensée pour elle. J'ai reçu son texto du coeur avec un beau coeur rouge... Et d'autres aussi. C'est beau et touchant, cette thématique, cette synchronicité...

Pendant deux jours, je me suis sentie inspirée pour faire de l'art, ce qui ne m'était pas arrivé avec autant d'intensité et d'enthousiasme depuis longtemps. J'ai peint deux tableaux, j'ai fait une sauce à spaghetti, j'ai fait 5 longueurs dans ma piscine à 10 degrés, j'ai fait sécher une brassée de linge dehors, j'ai pris une marche, j'ai installé un porte-lettres fait par mon oncle Marcel (j'avais hâte de l'accrocher), et je suis allée me faire couper les cheveux.



Cadeau d'anniversaire en canard fait par mon talentueux oncle, Marcel Grenier.


J'ai peint un coeur sur la boîte aux lettres, geste commémoratif pour Clara, et j'ai redécouvert un magasin d'antiquités tout près de chez moi ou' j'ai fait cette trouvaille pour ma cuisine (je n'ai pas pu résister... Je me suis dit que ce serait un autre geste symbolique pour ma fille):


Adorable trouvaille Ă  2,99 USD
(J'ai ajouté un ruban)

Environ trois mois après son départ, je reprenais vie... C'était presque textbook comme durée. Le père de Youri et moi avions emmené notre trottineur en Allemagne pour visiter son arrière-grand-mère. Je me souviens avoir retrouvé peu à peu l'accès à l'émerveillement, alors qu'il déambulait, si mignon, avec un chandail à rayures rouges et blanches, une casquette et une salopette en denim. Puis, deux mois plus tard, je découvris avec jubilation que j'étais enceinte d'Andreas. Afin de gérer mon angoisse qui ne tarda pas à prendre le dessus (j'avais vécu deux pertes de grossesse avant lui), j'ai fait du yoga et cela m'a fait du bien. Mon bébé est né vigoureux et en pleine santé. Je l'ai toujours surnommé "mon coeur-coeur", car mon soulagement fut doublé de gratitude pour son coeur qui avait toutes ses cavités, et en plus il a un coeur tendre, sensible et généreux. Dix-huit mois plus tard, ce fut au tour de Kristof d'arriver comme une offrande divine dans ma vie. Un peu avant, j'avais dû faire un test à l'hôpital car ma médecin s'inquiétait de son rythme cardiaque plus bas que la normale (110 par minute au lieu de 120-160). Mais ce fut une fausse alarme. Lui aussi fut né avec force cris, plein de vigueur, de voracité d'appétit, de douceur et d'éveil. Je pense tout simplement que c'est sa nature zen qui a fait en sorte que sa pulsation était celle d'un athlète.

Ma fin de semaine fut remplie d'autres bons instants, comme l'anticipation du printemps avec la découverte de jonquilles dans le voisinage. Je crois que j'en aurai aussi sous peu près de mon coin de méditation. J'ai hâte de vous les partager. Je vois cela comme un beau courrier du coeur de Mère Nature.







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