Rouge vie

Ma maison est un poème. Demain, jour pour jour, cela fera un an que j'ai fait une offre pour cette maison enchanteresse, offre qui fut acceptée. J'ai presque fait le tour complet des quatre saisons depuis mon emménagement, et j'ai pu ainsi étudier plusieurs de ses atouts, comme les endroits optimaux où m'installer pour suivre et maximiser les bienfaits la course du soleil. La chaleur bienfaitrice m'a tellement manquée ! Il me tarde que l'été soit arrrivé pour de bon. Alors que je mettais en pratique ma solophilie pendant mon souper, m'installant pour la première fois dans les escaliers de la petite passerelle menant à la piscine, je fus séduite par l'explosion de rouge résultant des rayons sur les pétales de mes roses. Tout près, deux petits rosiers révèlent des roses de couleur pêche. Avec une immense gratitude, j'y découvre encore des merveilles !

Vais-je me risquer à planter des graines dans les boîtes et voir si elles se transformeront en tournesols ou fèves ? En attendant, j'essaie d'identifier les ''mauvaises'' autant que les ''bonnes'' herbes...

Celle-là ressemble étrangement à du basilic mais les feuilles rouges à la base me laissent perplexe. Il existe du basilic rouge mais les feuilles en sont pourpres...

Peu importe sa catégorie, la vue de ce rouge inattendu m'enchanta. Ce rouge est signe de vie. J'ai quelques objets de cette couleur qui ajoutent une touche vibrante, incluant les rideaux dans ma cuisine, ma bouilloire, mon grille-pain, et des livres sur le manteau du foyer sud. J'ai peint un coeur sur ma boîte aux lettres et j'en peindrai aussi sur la clôture, comme je l'avais fait à l'autre maison. Ma playlist ''Love'' joue en ce moment. J'aime faire vibrer cette énergie véhiculant audace et passion. Ce sont des espaces que je me permets d'habiter de plus en plus. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'un des murs d'une pièce ne se voit transformé par cette couleur. 

Ce mois est un mois qui m'a vue devenir mère deux fois. Il y a donc des souvenirs saturés de rouge. Ce rouge des cris, des battements de coeur, de la vie. Je m'en souviens comme si c'était hier. L'angoisse suivie d'une euphorie faite d'un soulagement mêlée d'émerveillement. Une mère l'est dans son coeur comme dans son corps pour toute l'éternité. Elle a abrité la vie dans son centre de gravité. Et ce centre, tôt ou tard déserté, continue de le lui rappeler, quand ses cycles font des visites impromptues au cours du cycle lunaire, qui est comme élastique, une succession de longs mois, puis plus courts, jusqu'à, inévitablement, tôt ou tard, cesser. Mais le rouge, ce rouge vie, il circule toujours en moi. Ma chaleur s'est logée sous ma peau, c'est ma lumière, mon énergie faite de ces êtres extraordinaires que j'ai portés et qui s'apprêtent, un après l'autre, à prendre leur envol, à quitter le nid, à faire leurs découvertes, à nourrir leurs questionnements, à élargir leur perspective qui commence dans le carcan d'un champ d'études mais qui n'est au fond qu'un langage de cette vérité polyglotte qu'au fond de nous, nous détenons tous. En ce mois de la fête des mamans, je les célèbre et leur souhaite, avant tout, la conscience, et ensuite, dans les moments plus douloureux, de garder le cap sur ce qui les a animés depuis leur premier souffle, et d'ainsi, encore et toujours, avancer... C'est ce que j'ai fait, et que je continue de faire, pour eux. La fête des mères, pour moi, c'est chaque jour puisque tout, mais absolument tout, du rouge et de la vie, me rappelle Youri, Andreas et Kristof.

Célébration du Nouvel An chinois en 2020