Chocolateries




Mon livre de recettes préféré, offert par Nati et Joaquin, mes amis Catalans.


Truffes, poudings, muffins, biscuits, coulants, fudge, brownies, gâteaux, chocolat chaud, crème glacée, chocolatines (dont la dernière savourée remonte à ce matin !)... Les voies menant au paradis sont illimitées.

Je veux parler des chocolateries dans ma vie, pas seulement les endroits où l'on produit, vend, déguste ce qui donne une explosion d'endorphines, comme dans le film sublime ''Chocolat'' ou encore cet endroit au plafond d'un érotisme chocolaté à couper le souffle (et où je n'osai même pas entrer, convaincue qu'une telle décision eût été fort dangereuse). J'ajoute -erie à la fin de ce mot désignant ma plus tenace addiction pour contenir tout un univers que je prends plaisir à découvrir, car ce suffixe (-erie), comme dans ''plaisanterie'' ou ''féerie'' est utilisé pour former un nom indquant la qualité ou caractéristique de, ou encore, collection... Cela peut aussi indiquer la notion d'activité. Dans mon cas, ''chocolaterie'' réfère à tout cela: c'est la qualité de ce qui contient ce divin aliment dérivé de fève de cacao, c'est une collection (demandez à ma soeur: elle s'amuse souvent à tourner en dérision la pile que je garde chez ma mère pour être sûre que je sois toujours approvisionnée en prévision des pires émois) et une activité, comme aller dans un musée, ou faire du lèche-vitrines (sans jeu de mots) devant Chocolato en sortant d'un film non moins sensuel et passionné (et à voir absolument !) le jour de la fête du Canada, ''Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles'' ! Chocolateries, ce sont toutes les histoires ayant chocolat comme personnage principal et dont ma vie regorge.




C'est qu'en ce moment aussi, la saison et le climat de mon lieu de résidence sont une menace sérieuse à l'intégrité de mes barres divines. En fait, les extrêmes de température affectent tant la teneur que la saveur du chocolat. La fondue au chocolat étant la seule exception, il est plutôt impratique de manger du chocolat quand il est trop mou et colle à son emballage, et décevant quand il sort du (ô sacrilège !) congélateur. J'ai maintes fois répété à des proches que réfrigérer (et en core pire, congeler) du chocolat en altère le goût en le réduisant. Voir que quelqu'un met du Lindt au ''frais'' dans un apparel électroménager me remplit d'effroi chaque fois. Le mieux, c'est de garder du chocolat dans un endroit comme un sous-sol (plus difficile à trouver ici, mais j'ai la chance d'en avoir un, alors je l'utilise entre autres pour cela... Au lieu d'une cave à vins, j'ai une ''cave à chocolats'' !)

Hier, l'intérieur de ma maison reflétait bien la température extérieure et atteingnit 35 degrés Celsius (ou 95 Farenheit). Vous vous demandez sans doute pourquoi je ne pars pas l'air climatisé ? Eh bien, je suis un docteur fauché. Avec le divorce dont je subis encore l'hémorragie financière qui, aux USA, fait dans les 6 chiffres pour bien de braves gens, moi incluse, je ne sais plus où couper. C'est une réalité difficile à comprendre et pour laquelle les gens comme moi peuvent pas grand chose. Donc, je suis en mode survie et j'opte plutôt pour ma fan de maison le soir, quand je peux enfin réouvrir les fenêtres.


Ne vous inquiétez pas, je me restrains ainsi côté thermorégulation surtout lorsque je suis seule. Je m'arrange pour que les conditions soient plus confortables quand j'ai des invités. Ayant connu des températures de cette envergure en Afrique quand j'étudias la médecine et où l'air climatisé était inexistant où je logeais et même dans l'hôpital, disponible seulement dans des endroits comme bureaux gouvernementaux, je suis habituée et en mesure de supporter les extrêmes de climat. La plus grande privation au Mali resta celle du chocolat: je n'en trouvai pas et cela affecta mon moral considérablement.

J'ai constaté les vertus magiques du chocolat jusque dans son vocable même dans mon enfance, quand Snif, le superbe chien esquimau de mon grand-père, s'était échappé dans le voisinage. Ma mère, en bonne voisine et brue impliquée, entreprit de l'attirer et lui cria, ''Snif, viens ici, Rita va donner du CHO-CO-LAT !'' Elle sépara les syllabes afin d'être encore mieux comprise. Eh bien, croyez-le ou non, cela a fonctionné ! Et une jeune moi, perplexe, de se demander d'où ce trésor pour les papilles avait bien pu sortir... ma mère avait-elle une cachette de telles gourmandises dont elle ne m'informait pas ? Je n'ai toujours pas su si elle avait vraiment donné du chocolat.

D'autres histoires à faire sourire se greffèrent à celle-là, que ce soit mes années du Séminaire Ste-Marie qui voulaient dire faire du porte à porte à chaque rentrée pour vendre des barres (deux dollars), et que je prenais plaisir à faire fondre pour y tremper ensuite des fruits, les boîtes à rayures orangées et blanches de Turtles et celles de Laura Secord que mon grand-père Giroux recevait en cadeau et faisait circuler à Noêl dans son salon, ou encore la façon adorable qu'eurent mes fils, dont Youri, de dire (avec une phonétique intermédiaire entre O et A) ''cah-cah-lat'' ou, Kristof, en anglais, 'Tah-tlet'' !

Enfin, en cette journée de la fête du pays où j'ai migré il y a 17 ans et demi, enceinte de mon premier enfant, Youri, je n'imaginais pas que mon côté chocophile se trouverait agacé par une autre aspect de la maltraitance du chocolat, au niveau sémantique cette fois. Ici, pour réferer à une ''barre de chocolat'', comme Aero (mon père m'en remit trois lors de ma visite récente, il sait mon engouement pour ce que, enfant, je recueillais avec émerveillement et à coups de 50 sous d'une machine distributrice à la Vallée du Parc où j'allais skier), Mirage, Caramilk etc, on dit ''candy bar'', ou encore pire, ''candy'' ! Réduire une telle quintessence de gâterie, un tel raffinement de la culture Inca, à des illusions colorées en sucre qui ne donnent rien de bon qu'une infection dentaire appelée carie est un autre sacrilège qu'il faut dénoncer. Les gens me regardent peut-être bizarrement quand je dis ''chocolate bar'' mais bon, il faut redonner sa dignité à ce qui, franchement, m'aura souvent aidée à survivre... (comme l'équivalent d'une taverne mais avec chocolat :) )

Et ce n'est sans doute pas pour rien que le chocolat et autres chocolateries ont un rôle central dans tant de célébrations: St-Valentin, Pâques, Halloween, Noël (et j'ajoute à cette liste mon anniversaire LOL).

Ah, combien de poèmes, d'odes, de filsm, de lapins de Pâques caverneux, nous pourrions encore te dédier, à toi, l'incontournable et divin plaisir du palais ! Pour tout ce que tu as fait et continues de faire pour moi, je t'en remercie !





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